TERRE DE FRANCE
LA GASTRONOMIE EST TON PATRIMOINE IMMATERIEL
à tes enfants d’hier et d’aujourd’hui de la transmettre
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Ces mots circulent mais on s’aperçoit bien souvent que l’on n’en a pas vraiment saisi tout »le poids ».
La Gastronomie, c’est l’art de faire bonne chère – dans la réalité c’est savoir boire et manger ; l’ensemble étant réparti chaque jour sur 3 repas.
Puisque c’est un art et que personne ne peut le pratiquer à votre place, montrant ainsi que chaque être sur terre qu’il soit riche, pauvre, petit, fort, d’origine et de milieu divers, est un artiste pratiquant le même art. Cet art qui a deux fonctions, l’une de nourrir le corps, c’est à dire de satisfaire la satiété physique assurant ses besoins nutritionnels dont la « sécurité hygiénique » et l’autre, impalpable assurant la mémoire de la chose consommée couvrant ses besoins à satisfaire également une satiété émotionnelle se traduisant par un plaisir. qui sera mémorisé forgeant ainsi tout au long de la vie notre culture en maintenant des liens sociaux, linguistiques, symboliques, évolutionnistes, écologiques.
C’est ainsi que lorsque je partage un plat préparé dans mon enfance par ma grand mère, je me nourris et en même temps j’ai ce merveilleux plaisir de retrouver les émotions sensorielles d’une préparation à laquelle est attachée une personne qui m’est chère.
C’est autre chose que d’évoquer le nom d’une marque obligatoirement monotone, privée de dimension affective.
C’est pour ces raisons que l’UNESCO puis le Parlement européen rappelle que la Gastronomie est un patrimoine, c’est à dire « un ensemble de liens de famille reçus en héritage – un ensemble de biens, de droits et de charges d’une personne
mais aussi les biens communs d’une collectivité, d’un groupe humain, de l’humanité toute entière considérée comme « un héritage transmis par les ancêtres »
S’il y a des experts en patrimoine, n’oublions pas que celui-ci appartient à notre histoire, à notre identité donc à chacun de nous et que nous refusons d’en être dépossédé.
S’il y a des experts en sensorialité dont je fais partie en toute modestie, en revanche je ne peux en aucun cas prendre la place de mon prochain pour goûter. Je peux simplement lui transmettre l’envie de goûter avant d’avaler afin que ces patrimoines immatériels qui ont fleuri au cours des siècles en formant une mosaïque riche et gourmande ne restent pas silencieux sur cette terre et se perpétuent.
Tout cela indique que ceux qui ne pensent qu’à l’effet de masse, à une libre circulation des biens sans leur attacher le droit à leur identité, doivent revoir leurs copies car on ne vend pas un bien matériel destiné à l’usage commun mais un bien immatériel consommé par un individu qui selon ses acquis, va en ressentir les propriétés organoleptiques au rythme des saisons pour les exprimer ensuite par les mots.
Certains économistes avancent qu’il faut suivre le progrès, certes oui, lorsque la technicité permet à l’aliment ou la boisson d’affiner son authenticité de lieu et de temps,
NON ! lorsque cette authenticité est matériellement dénaturée, devenant mensonge .
Jacques Puisais 1er juillet 2014
Un Livre à lire : « Ce pays qu’on abat « de Natacha Polony aux éditions Plon
(mai 2014)