Un article de la Nouvelle République du 25 janvier 2019 nous informe sur un classement des pires villes françaises de la Malbouffe – Bordeaux- Metz et Tours ... Paris a la cinquième place, Angers seconde l’an dernier passe à la 8 ème.
Une information qui surprend, mais s’appuyant sur la présence de la « restauration rapide » à la mode américaine est tout à fait logique, rejoignant ce que nous ne cessons de rappeler « la France, notre France reconnue par l’UNESO pour son patrimoine gastronomique se désensorialise »
Elle avale sans prendre le temps de goûter, c'est-à-dire que poussée par une politique mercantile et un lavage de cerveau indéniable, entretenue par la publicité, par la présence de grandes surfaces où les plats préparés font un tabac, où ses habitants ont oublié ces repas réunissant la famille , laissant ses enfants se précipiter sur ces lieux où on les bourre avec hamburgers (encore l’Amérique) et autres plats préparés pour les engraisser (parce qu’il ne faut pas oublier qu’il y a de plus en plus d’enfants obèses) Pour se maintenir en bonne santé arrêtons de nous nourrir comme des bêtes mais prenons la décision de nous alimenter comme des êtres humains.
S’alimenter, c’est d’abord goûter, apprendre à goûter ce que nous mangeons et buvons avant d’avaler.
C’est la raison pour laquelle, étant Directeur du Laboratoire de Tours, étudiant entre autres les méfaits d’une mauvaise alimentation, l’évolution de l’urbanisation, la dispersion des familles, l’industrilisation de l’alimentation s’emparant du rôle de l’agriculture, j’avais proposé l’éducation au goût des enfants au stade pré pubère, comme on apprend à lire, à écrire dans les écoles. Ce fut une réussite avec remise aux 300 premiers petits parisiens du certificat de l’Institut français du goût dans le grand salon de la Sorbonne en présence de Madame le Recteur de Paris.
En France, ce fut environ 100.000 enfants qui avaient suivi cet éveil grâce à des animateurs de l’Institut du Goût ou à des Instituteurs avec le soutien de l’Education Nationale. J’avais en même temps perçu que les enfants suivis dans des classes du goût maniaient aisément le vocabulaire
Puis, tout s’arrêta dans les années 2000, le monde politique préférant se référer à ce qui paraît, c'est-à-dire les propriétés hygiéniques et alimentaires de l’alimentation occultant totalement les propriétés sensorielles qui sont les seules à faire grandir notre mémoire par l’usage de nos 5 sens. On a donc fabriqué une société de consommateurs. Consommer : c'est-à-dire acheter et manger selon les publicités ou étiquetages et annonces orientés.
C’est ainsi que l’immatériel de notre alimentation s’est tranquillement effacé nous conduisant à « bouffer » autour d’une nourriture normée nous entraînant vers cette ambiance artificielle qui s’empare de notre liberté, éloignant l’expérience de chacun
Et pourtant on devrait savoir que personne ne peut manger… penser à notre place. Je m’entends dire depuis une dizaine d’années aux différents maires que je rencontre « préférez-vous faire 10 mètres de trottoir ou 2 classes d’éveil au goût dans vote commune ? » Ils sourient et bien sûr, préfèrent le trottoir.
Oui, on a bien brisé quelque chose en France.
Rien d’étonnant que progressivement s’éloigne le chemin du repas et que nos enfants empruntent celui des « mangeoires » pour remplir leur panse favorisant ainsi politiquement ce déploiement de la malbouffe, c'est-à-dire manger pour dévorer , posséder au lieu d’entendre humblement le radis, la carotte, l’aile du poulet, le fromage de nos régions, la tarte de grand maman, car oui ce sont les aliments qui nous parlent et nous assurent de cette pérennité du vivant en nous exprimant par le verbe ou des mimiques leurs confidences, sources de création profonde au travers de nos propres ressentis. C’est ainsi qu’une société se développe dans le mouvement de son intelligence naturelle.
J’ai envie d’ajouter :
" Que devient notre belle Touraine, jardin de la France, pays des rois ? "
Jacques Puisais, le 27 janvier 2019
Ci-après l'article de la NR sur la Malbouffe à Tours ...